CETTE DEPRESSION, la mienne
Ma dépression a changé, mute, on dirait.
La première à 17 ans reste un souvenir un peu vague, de désintéresement et d'immobilisme. Mes premiers ratages, le Bac, le permis (suivis de réussites, quand le retrait et le repos forcé ont fini par me redonner vie).
N'étais-je pas déjà un peu entre la vie et la mort, je parle de cette absence, ce refus de participer.
M'en suis remise donc, ai travaillé, suis devenue autonome, ai vécu, fort. Il fallait me sentir utile, efficace, et profiter des plaisirs. Faire beaucoup de choses à la fois, travail, études, mariage, divorce... Tomber amoureuse, braver l'impossible, sport, travail, toujours et beaucoup, conflits avec mon père.
Puis vers 25 ans me sentir sombrer à nouveau.
Dépression à nouveau, elle, moi, incontrôlables. Envie que tout cesse, jeunesse et tentatives pour y échapper (sport, nourriture saine...)
Plus tard, le combat fut plus dur, je n'étais pas de taille, je sombrais, je ne sais combien de temps, laissant mes enfants jeunes grandir un peu plus vite, un peu plus seuls, j'attrapais le sentiment de culpabilité en même temps que celui, obligé, du respect, aussi, de moi-même.
D'Elle à moi, d'années en années jusqu'à celle de mes 47 ans, 30 ans après la première.
Je l'ai reconnue tout de suite : souffrir à nouveau, mais vouloir vivre. sous son emprise bien sûr mais moi bien présente cette fois. Pas fui, pas tombée. J'ai attendu en serrant les dents, en pleurant, en me forçant à travailler même sans résultat. Je me demande si je suis encore capable de travailler et vivre la vie à côté en même temps. Je prends des photos de la dépression qui envahit mon visage, et puis des photos qui montrent que petit à petit elle s'éclipse. Je parle d'elle comme d'une personne, c'est pourtant une maladie, et aussi un aspect de moi, parfois je suis dépression. Je parle d'Elle comme de moi-même.
Cependant s'il n'y avait qu'Elle qui empoisonnait ma vie, ce serait presque simple...
CETTE MANIE, la mienne
Ma copine manie. Manie je rie, manie je vis. Je ne dors pas, tout m'est possible. Tout s'accélère, tout est important, lire, écrire, se documenter, aider mes amis, car sans manie, pas d'ami. Dépenser sans compter, le temps, l'argent, l'énergie, la santé... Pour finalement perdre la concentration, je ne lis plus, je n'écris plus, j'oublie, car il y a toujours autre chose à faire, à découvrir, en dehors de chez moi, de mon lit, de ma table. Manie, je parle encore, et trop. Manie, je me soûle de paroles, je me soûle de tout, je m'épuise
FEVRIER, (AN -1 avant An00), 46 ans
Je ne me sens pas perdue, c'est juste que je n'arrive pas à assembler les bouts de moi-même. Je ne suis pas un tout, mais une femme éclatée, et il en est ainsi aussi pour ce que je dois faire. Je m'occupe par parcelles et les éléments de ma vie sont comme un puzzle que j'ai grand peine à assembler. En fait, je n'assemble pas. Ma vie n'est pas difficile, elle est juste disloquée. Et j'ai de plus en plus l'impression que ce n'est pas "permis". Mon étrangeté dans le regard de l'autre est parfois flatteuse mais souvent lapidaire. Et surtout, ce qui est pour moi l'étrangeté de l'autre dans mon regard devient insupportable. Toutes sortes d'étrangetés, toutes sortes de souffrances. Puis-je entrer dans ce monde étroit où je suis sensée vivre ?
Je ne me rendais pas compte à quel point on est obligé de naître encore. Je n'arrive pas à sortir de mon propre ventre. Je sens les douleurs de l'enfantement, suis-je la mère ou l'enfant ? Je vois juste que tout devient nouveau. rien des gens, rien de la nature, rien de l'amour je ne sais. Un parcours de vie de femme, c'est quelque chose d'extraordinaire. J'ai fait le deuil de bien de joies et de peines, mon coeur a arrêté de battre la chamade, et tant d'émotions oubliées. Pourtant, d'absences, survient une sorte de chaos où la femme vibre de situations inconnues, ou se met à rêver à nouveau des ces rêves impossibles, ou encore recommence à pleurer.
Je ne veux plus être là, parmi cette sorte de populace, à cause aussi de ce manque de couleur, et de chaleur. Naître ? C'est si gris par là, et si brutal. J'avais quitté ce monde là parce qu'il me tuait, je n'arrive pas je crois à y revenir. JE VEUX VIVRE.
Les médicaments, et notamment les antidépresseurs et les anxiolytiques sont très consommés. En même temps, c'est aussi très mal vu d'en user... Je prends les deux et pas seulement, en fonction des aléas de la vie, je dose : un peu plus de ceci, un peu moins de cela. Autour de moi, beaucoup, sans se permettre de juger, estiment qu'on ("qu'ils") peut s'en passer, faire autrement. Ils mangent bio, boivent des tisanes, font du sport, de la relaxation, de la méditation. Il y a aussi le cannabis, très naturel, les alcools à base de raisin, houblon, de malt ou d'anis, très naturels...
Je connais les flous de la vie et j' essaie d'y voir plus clair. Ils voient trop clair et se rendent eux-mêmes flous, à l'excès, leur vie devient floue aussi. Mes médicaments sont chimiques, mais je vis, et pas si mal. Mes médicaments, dont j'ai presque honte, sont mes drogues.
L'alcool est une drogue dure, il tue plus que les miennes.
J'ai un vrai rêve : ne plus prendre de médicaments.
Mais quand je vois les sympathiques alcoolisés de bar sympa en bar sympa, je me demande... Une drogue au lieu d'une autre ? Un traitement contrôlé ou du cannabis au pneu ? Ou de la cocaïne au lait en poudre pour bébés ? De l'alcool pour pourrir et détruire le foie et sa vie ?
MAI, (AN -1 avant An00), bientôt 47 ans
Le présent, une vie tour à tour trépidante ou lascive. Mes enfants semblent avoir compris le sens "d'accompagner", ils sont grands, on ne peut plus parler d'enfance. Vivre est moins pénible bien que le contexte se détériore. Autour de moi se côtoient bêtise et colères. Mes états d'âme s'édulcorent. Je voudrais chérir ou éliminer, plus de demi-mesures. Un amour infini envers un seul homme. Il y a eu quelques flirts, une ou deux aventures... sans états d'âme. Pas vraiment de la vie, plutôt de l'observation. J'observe les hommes que je n'aime pas. J'essaie de les écouter. souvent ils s'expriment bien mais communiquent mal, manque de confiance en soi, peur de l'autre parce que peur de soi-même. Les hommes ne me font pas beaucoup de bien. Sauf un. Celui qui en d'autres temps m'a fait plus de mal que quiconque, mais celui-là communique et, j'ai dépassé mes colères. Me voilà plus tendre et douce que jamais, plus déterminée aussi, je le souhaite libre, tout comme moi.
Mon état frise l'indifférence, je manque d'intérêt pour presque tout, et ce après avoir passé une phase dépressive(antidépresseurs-anxiolytiques), puis une phase maniaque(antipsychotiques). Je me sens équilibrée avec le seul lithium mais avec peu de sensations positives comme négatives. Je suis un peu plus patiente en société, j'ai vu pas mal de monde ces derniers temps, et ai plutôt bien communiqué. Ne me suis pas senti "isolée dans le groupe".
Quand je me retrouve seule, je ressens un certain ennui, que je ne parviens pas à combler et que je supporte. P. est devenu mon doux et tendre ami, et je savoure cette situation, même si elle m'empêche d'envisager une relation suivie avec un autre. Pour l'instant, je choisis de vivre ainsi. J'ai besoin de P. dans ma vie. J'ai confiance en lui.
26 mai
Après avoir passé plusieurs jours ensemble, P. vient de repartir pour La M. et pour quelques jours. Notre proximité me rend difficile la séparation pourtant indispensable. Il est vrai que je suis prête à renoncer à beaucoup pour lui, mais un revirement de situation est toujours possible, et je dois être prête à tout. Nous n'avons plus de querelles et même les vides sont doux ensemble. Nous nous nourrissons l'un de l'autre et je dois faire un effort pour retrouver mon autonomie quand il n'est pas là, il ne faut pas que je m'oublie. J'aime mon P. J'aime... Et c'est du bonheur que j'avais cru perdu.
27 mai
Si j'avais un canapé, peut-être lirais-je dans mon canapé mais je n'en ai pas et je lis dans mon lit, pour souvent finir par m'endormir. Au moins je lis, ce que je ne faisais plus depuis des mois. Toutes les tâches quotidiennes, familiales sont redevenues efforts, je ne sais pourquoi je change si souvent d'attitude face à la vie de tous les jours. Suffirait-il un compagnon qui m'encouragerait ? "Celui-là" me manque cruellement depuis longtemps, aucune situation n'a su être assez satisfaisante. Je ne me sens pourtant pas seule, les enfants ont leurs places, P. la sienne. Je manque juste de pêche. En fait il me manque un ou plusieurs buts précis. Mes objectifs me paraissent trop durs à réaliser seule (un diplôme de cuisine - partir d'ici - préparer ce départ - pour où ?), alors ces questions se transmettent à tout : pour quoi faire ? Pourquoi seule ?
Soirée solitaire - Les enfants chez des copains - Envoyé un texto à un copain, sans réponse - P. est occupé - Je suis avec une bière et un bouquin - J'ai failli sortir mais pas d'sous - Je ne me sens pas si mal que ça, ça fait juste bizarre après toutes ces journées et soirées occupées. C'est juste un coup d'blues - J'en ai vu d'autres, pas vrai ?
28 mai
Matin :
Je me lève pour mon fils, maintenant parti au collège. Il est bien tôt pour démarrer ma propre journée... seule ! Je ne me jette pas sur ma lecture.
14h00:
Je décide de faire la sieste - Même quand je me déplace pour voir un peu de monde, je m'ennuie - Un peu de lecture et dodo !
21h30:
Ecrire pour moi seule me devient précieux. P. m'envoie quelques textos où il dit ce qu'il fait mais ne répond pas à mes S.O.S - Un ex que je croyais devenu copain me fait carrément la gueule. Dans un de ces bars où je suis habituée, il ne se passe rien - Mes enfants sont présents épisodiquement - Il me faut de l'énergie, enfin de l'auto-énergie et c'est très dur. D'un autre côté, écrire mes impressions était devenu inexistant depuis des années, ainsi que lire depuis des mois. - Des activités de solitaire que je dois assumer - P. me manque, mais je me résigne quand-même à mon sort, j'ai connu des souffrances tellement plus grandes à cause de lui - Je dors beaucoup, peut-être suis-je réellement fatiguée ?
29 mai
Matin :
Finalement P. m'a appelée hier soir. Puis j'ai lu et dormi, dormi, sans rivotril, d'un sommeil plein de rêves - Me suis levée pour mon fils puis recouchée, si mon corps et mon esprit réclament sommeil, il faut leur donner.
+ tard:
Lu mais pas (re)dormi - silence à l'intérieur, bruit à l'extérieur - J'ai tellement de temps pour faire ce que j'ai à faire que finalement je ne fais rien.
30 - 31 mai
Week-end très sympa et requinquant à la campagne, avec P.
2 juin - soir
Allée voir P. à La M. On se dépanne mutuellement financièrement, une espèce de mic-mac, mais là encore, on se trouve soudés. Il n'y a plus du tout de sexe entre nous (Il a "une copine") mais plein de tendresses et de douceurs, je lui accorde beaucoup de temps parce qu'aussi ça me fait du bien. S'il devait s'éloigner de moi, il me manquerait cruellement (comme c'est déjà arrivé)
3 juin
Je manque d'énergie à un point inimaginable. Je me sens envahie et étouffée chez moi par le désordre qui s'accumule, et impossible de prendre le taureau par les cornes. je ne sais par où commencer, le peu que je puisse faire m'épuise. Vu mes problèmes d'argent, je pense qu'il faut que je passe du temps à m'occuper de mon intérieur, déjà, "ré-investir" le lieu et ressentir le besoin d'y être bien. Je suis beaucoup sortie ces derniers jours, et j'avoue que j'aime ça jusqu'à un certain point. Il faut que je me retrouve un peu.
4 juin
Je vais chez Mr Psy.
Cette nuit, P. a trop bu.
Mr Psy m'a dit qu'après ma dernière crise maniaque, j'étais aussi très fatiguée, et je dormais.
Cet après-midi, j'ai fait pas mal de choses importantes, nécessaires familialement, scolairement...
J'ai aussi téléphoné à P. qui n'était pas dispo, au père de mes enfants, qui n'était pas dispo. Et lu, lu, lu, pour ne pas pensé aux déceptions. Tout me paraît difficile et je me fais violence. Mr Psy a dit d'essayer de lutter contre le sommeil, c'est dur, je marche et je sens mes yeux fatigués. J'ai encore pas mal de démarches à faire, pour moi, pour mon fils. Je reste à la maison pour essayer de rester concentrée sur ce que j'ai à faire. J'aimerais le soutien de P. Mais il s'éparpille, je me sens trop seule, même si en partie, c'est choisi. J'essaie d'être sage, mais à porter trop de choses toute seule, j'en bave.
P. a encore trop bu ce soir. Je le soutiens au téléphone pendant qu'il pleure. Entre autre, il me parle d'amour, et de faire l'amour. Il doit y penser parfois comme moi, même si on s'est dit que c'est mieux de ne pas le faire. si ça devait arriver, je pense que je perdrais de mon aplomb. Je n'ai plus confiance en moi de ce point de vue là avec lui. Pourtant, j'aimerais plutôt faire l'amour avec celui dont je suis amoureuse, qu'avec qui que soit d'autre, pour seule raison de "manque".
Il pleure aussi pour autre chose, quand il a trop bu, parfois, il repense à de très anciennes vexations familiales. Je voudrais le serrer dans mes bras, au téléphone, je suis impuissante. Demain, il descend de La M., je le verrrai. Il fait quelques pas en avant, quelques autre en arrière. Mais je l'aime, je ne le laisserai jamais tomber.
5 juin
Ce matin, crise de larmes et tremblements = DEBUT DE DEPRESSION
Trop de trucs à gérer en même temps, je fais tout avec une sensibilité extrême, ce qui m'entraîne des trop pleins d'émotions.
C'est ma vie. Dans quelques jours, mon anniversaire, ça fera 47 ans que ça dure.
6 juin
Après-midi avec P., sans alcool - Regardé film "Au nom de la liberté" sur l'Apartheid
8 juin
Bonne partie du week-end à l'hôpital pour mon fils qui, ayant perdu connaissance après être tombé sur la tête, est devenu partiellement amnésique (sur ce qui vient de lui arriver, il a juste voulu rentrer très vite à la maison sans savoir pourquoi, je l'ai appris par des copains à lui au téléphone). Inquiétudes qui m'ont rendue aujourd'hui un peu hébétée et d'une fragilité extrême. Il est rapidement sorti d'affaire et a commencé son stage. Mais moi qui n'étais déjà pas très solide, je me sens "à côté de la plaque". P. est reparti à La M. ce soir. Hier soir, on est allé à la nouvelle co-location d'un copain à lui dans un village surplombant la ville. Grande maison, vue superbe soirée sympa.
Je me sens très seule, volontairement d'une certaine manière, mais les larmes qui m'assaillent montrent que ce n'est pas la meilleure des solitudes.
La lecture m'évade et me fait du bien.
10 juin
Hier, dans la journée, mon anniversaire n'a pas fait de vagues. Après nos générosités du dernier week-end de
mai, j'ai juste pu acheter une bouteille de champagne bon marché que nous avons en partie partagée avec la mère de P., puis comme souvent, couchés côte à côte, il ne me désirait pas. Vexée, j'ai décidé de partir. P. m'a projetée violemment contre un mur du couloir de chez sa mère, sous ses yeux, son impuissance et son désarroi, puis il a balancé mes affaires dans les escaliers de son immeuble, pour me poursuivre ensuite dans le parc aux abords duquel j'ai pu me cacher, me protéger de sa violence accroupie derrière une voiture.
Aujourd'hui, angoisse par rapport à mon fils qui ne veut plus aller à son stage parce qu'il s'ennuie.
Journée de merde.
Je me sens un peu plus réveillée que d'habitude, mais je ne sais pas trop par quelle corne prendre le taureau. L'orientation de mon fils m'inquiète, son inscription dans un nouveau collège, dans une autre ville .
Probablement bientôt une baisse de revenus pour moi - aller voir une assistante sociale, faire des démarches, des papiers...
11 juin
Après avoir eu P. au téléphone, toujours mécontent de sa situation à La M., une sorte d'angoisse d'impuissance m'a étreinte. Mon esprit a enchaîné sur le départ de mon fils pour cette autre ville, et j'ai réalisé ce que sera le poids de son absence. Larmes inextinguibles et inconsolabilité. J'ai mal, mal à P., mal à mon fils, deux insoumis de 30 ans d'écart.
Je ne sais s'il est bon de passer mes journées à la maison, mais le fait de ne pas me disperser ici ou là, de m'imposer une vie calme (et sans alcool) peut logiquement me faire du bien. Ma vie n'est pas toute rose, mais pas noire non plus. Je doute beaucoup de mes capacités et perds confiance en moi, à cause de mes accès bi-polaires et des traitements, mais je voudrais ne pas me laisser dominer par tout ça.
J'ai envie de me projeter dans l'avenir mais je n'y arrive pas.
12 juin
Il semble que je sois de mieux en mieux réveillée. Moins d'angoisse, plus de détermination, sans excès toutefois ! J'ai un peu moins l'impression que tout est bloqué ou coincé, bien qu'en même temps, je n'ose m'ouvrir à de vrais projets.
Par contre, pour P., je suis plus circonspecte. Il semble s'enfermer lui-même dans une impasse, il se révolte à l'excès contre quelques injustices et en arrive à souhaiter vivre en clandestin. Il boit tous les soirs et ses nerfs sont à fleur de peau. Je ne sais que faire pour l'aider. Je ne sais que l'écouter et me navrer du "sans-issue" où il se place lui-même.
15 juin
Passé Week-end avec P. à la crémaillère de son copain et autres co-locataires. Dimanche après-midi, on s'est retrouvés tous les deux et avons beaucoup parlé de sa situation.
Ce matin, il avait rendez-vous avec son interlocutrice pour son boulot à La M.. Apparemment, puisqu'elle lui a donné raison sur ses griefs, il ne renouvellera pas son contrat. Et après...?
Moi, j'ai passé une bonne partie de l'après-midi avec une mamie que j'aime bien.
16 juin
Presque rien. On s'est occupé des lunettes de mon fils en prévision de son prochain départ. Pour mon autre fils et moi, rendez-vous en octobre chez l'ophtalmo.- Repos et sommeil - Repas avec les enfants.
Téléphoné à P. mais il est chez des amis. a juste eu le temps de me dire ce qui le concerne, qu'il a besoin de sous, et de le rappeler plus tard. Ca me gonfle, on ne parle jamais seule à seul au téléphone, il y a toujours du monde autour de lui, parfois il me passe même un de ses copains que je ne connais pas, pour que je parle avec lui (ou qu'il parle avec moi?). Pourtant, c'est bien lui qui m'a demandé de l'appeler chaque soir quand il est à La M. A chaque fois, j'hésite à le rappeler ou non. On verra bien ce soir.
Mes propres petits soucis, on n'en parle pas, et c'est pas si mal, ça les rend inexistants. Tout à l'arrache pour moi.
FIN juin
J'ai accompagné P. chez le médecin pour qu'il diagnostique son "Etat Majeur Dépressif" justifiant sa démission de son boulot à La M.
P. m'annonce un jour, qu'il n'arrive pas à avoir confiance en moi.
Terriblement vexée, je décide de ne plus l'appeler, ni le voir. Je lui envoie des tonnes de textos sur la confiance, complètement dégoûtée... Jusqu'au..
8 juillet
Où j'ai quand-même mauvaise conscience de ne pas lui avoir souhaité son anniversiare le 4 juillet. J'ai acheté une bouteille de Jeanlain que nous partageons tranquillement sur un banc.
Il me raconte avec un sourire de Joconde comment il a fêté son anniversaire : il a dîné, dansé et fait l'amour avec une autre. A mes questions, il répond juste qu'il ne sait pas. Il ne sait pas s'il la reverra, si il pense à un futur avec elle, s'il la présentera à sa mère (si ce n'est déjà fait).
J'essaie de retrouver mon calme, mais je me sens meurtrie. Il ne la voyait plus depuis des semaines. J'essaie de penser à autre chose. Avant de nous quitter, nous allons boire un verre au petit bar qu'on aime bien, non loin de chez moi, puis il me raccompagne en bas de mon immeuble.
Chez moi, les enfants dorment.
Un acte impérieux me domine, surpasse tout.
10 juillet
Inconsciente en soins intensifs, j'aurais pu être morte mais mes enfants m'ont sauvé la vie.
Après quelques semaines d'hôpital, l'AN 00 va pouvoir commencer. Je m'appelle Natalis (naissance).